Un rapide retour en arrière pour commencer. 2019 : le volume des transactions vient de croître pour la 6e année consécutive. Bureaux, commerces, locaux industriels… le total des montants investis dans l’immobilier d’entreprise atteint même un record de 35,4 milliards d’euros. Une époque qui paraît aujourd’hui bien loin. 2020, ses périodes de confinement et l’obligation faite aux entreprises de privilégier le télétravail, est passée par là. Si le marché locatif de bureau pourrait retrouver son dynamisme d’avant crise, la demande va inévitablement évoluer sous l’effet des conditions très singulières des derniers mois.
Non, le bureau n’est pas mort !
Ainsi, alors que le recours au télétravail était jusque-là largement minoritaire, dirigeants, managers comme salariés en ont découvert les avantages : gains de temps, diminution du stress, meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle… Dans le même temps, le travail à domicile a pu générer un sentiment d’isolement, voire de perte de motivation, mais aussi perturber le développement de la culture d’entreprise. Ce bilan contrasté s’exprime dans le fait que, fin 2020, 63% des salariés disent souhaiter travailler au bureau au moins trois jours par semaine. Principale nouveauté par rapport à la période antérieure au confinement : le nombre idéal de jours télétravaillés est passé de 1,4 jour à 2,1 jours par semaine.
Parce qu’il favorise les interactions et la productivité des collaborateurs et qu’il est un vecteur d’image et de fidélisation, le travail en bureau reste bien indispensable. Pour autant, l’évolution des besoins et de la situation économique des entreprises, comme des attentes des salariés, va inévitablement changer la manière d’organiser le travail.
La précieuse agilité des espaces de coworking et des bureaux flexibles
2020 a notamment joué un rôle d’accélérateur sur une tendance qui montait progressivement en puissance : le besoin de flexibilité des entreprises. Dans une période mouvante, marquée par de fortes incertitudes, voire la nécessité de réduire les coûts d’exploitation (l’immobilier est le deuxième poste de dépenses après les salaires), la possibilité de faire preuve d’agilité s’avère en effet un plus déterminant.
Plus que jamais, les entreprises sont en quête d’engagements plus courts, avec par exemple la possibilité d’investir des locaux le temps du développement d’un projet avec une pluralité acteurs. Souples, les contrats pour les solutions de coworking font parfaitement écho à ces besoins changeants. Vincent Desruelles, directeur d’études à Xerfi, estime ainsi que le modèle devrait « tirer son épingle du jeu » auprès des entreprises : « Les baux flexibles et clés en main que proposent ces acteurs du bureau partagé pourraient en effet répondre (…) à leur volonté de ne pas s’engager sur des baux traditionnels de longue durée ».
Plus qu’un bureau, un service
Pour les entreprises, une autre priorité est de répondre aux attentes nouvelles de leurs salariés, tout en favorisant la collaboration et le développement de la culture d’entreprise. Améliorer la cohésion d’équipe, retenir les profils les plus qualifiés, mais aussi créer les conditions de l’innovation implique de miser sur des surfaces sans doute plus restreintes, mais de meilleures qualités, avec une réelle valeur ajoutée.
On retrouve là encore la promesse des espaces de coworking et des bureaux flexibles : des espaces confortables, innovants, adaptables, pensés pour favoriser les échanges, la confrontation d’idées et la créativité. En plus des incontournables exigences techniques (accès au très haut débit, visioconférences innovantes, etc.), le confort dans le travail passe par la mise à disposition de toute une gamme de services. Ceux-ci pourront être portés par de nouvelles fonctions, à l’image des hospitality managers : des professionnels, inspirés de l’hôtellerie de luxe, qui veillent au bien-être des salariés en étant garant de la qualité des prestations.
Pour répondre à ces différents enjeux, une tendance pourrait être la montée en puissance de modèles de bureaux décentralisés : compléter les locaux « centraux » par de plus petites surfaces de coworking utilisables à la demande. Donner la possibilité aux salariés de se retrouver ponctuellement, dans des lieux innovants, plus proches de chez eux, serait ainsi une autre manière de répondre à une demande très partagée : placer l’individu au cœur du dispositif, dans un cadre plus souple que jamais.